CIAO DATE: 09/2014
Volume: 87, Issue: 0
Autumn 2012
Théories de la reconnaissance dans les relations internationales (PDF)
Thomas Lindemann, Julie Saada
Texte intégral en libre accès disponible sur le portail Cairn. Le texte intégral en libre accès sera disponible à cette adresse en janvier 2016. Consulter cet article
La reconnaissance entre États (PDF)
Alex Honneth
I. II. Aperçu du début du texte Sur un plan préthéorique, nous semblons admettre tout naturellement que les faits et gestes des acteurs étatiques obéissent souvent à l’intention de faire respecter par d’autres États la collectivité qu’ils représentent et d’en obtenir la reconnaissance par des mesures adaptées. Dans nos discussions quotidiennes, nous nous accordons bientôt pour dire que le comportement des dirigeants politiques palestiniens ne peut être compris indépendamment d’une telle quête de reconnaissance, que le gouvernement russe dépense sans compter depuis déjà des années pour regagner la considération des États occidentaux ou que les gouvernements d’Europe de l’Ouest usent de toutes les ressources de la diplomatie pour se faire à nouveau respecter par l’administration Bush . Certes, de prime abord, de telles transpositions de la catégorie de la reconnaissance aux relations interétatiques n’ont rien de surprenant : notre récente réactualisation de la théorie hégélienne de la reconnaissance ne visait-elle p...
Théorie constitutive : reconnaissance, éthique et politique dans les relations internationales (PDF)
Mervyn Frost
Aperçu du début du texte Dans un article intitulé « La reconnaissance entre les États : sur le substrat moral des relations internationales » Axel Honneth relève que dans le langage usuel, on parle souvent des États comme cherchant le respect et la reconnaissance de la part d’États étrangers. Nous comprenons aisément les États lorsqu’ils font valoir leur droit à une reconnaissance dont on les prive. Honneth souligne que « nous convenons volontiers que le comportement des dirigeants politiques de la Palestine, par exemple, ne peut être compris sans prendre en compte de telles aspirations à une reconnaissance ; que le gouvernement russe réalise de gros efforts pour imposer le respect aux pays occidentaux ou bien que pendant les mandats de Bush, les gouvernements d’Europe occidentale ont usé de relations et manœuvres diplomatiques pour renouveler le respect de leur allié américain ». Pourtant, lorsque nous nous tournons vers la discipline des Relations Internationales (RI), nous constatons que la notion de rec...
Le conflit tchétchène à l'épreuve de la reconnaissance (PDF)
Aude Merlin, Anne Le Huérou
L’article revient sur le conflit russo-tchétchène en faisant l’hypothèse que la question du déni de reconnaissance a eu une importance centrale dans la transformation d’un conflit politique en conflit armé. La reconnaissance est envisagée tant du point de vue des qualifications dont il a fait l’objet que des enjeux symboliques qui ont marqué les relations entre les deux parties. Une première partie explique comment le fait de ne pas qualifier ce conflit comme guerre produit des effets sur son déroulement. Une deuxième partie analyse l’affirmation identitaire tchétchène dans les différentes phases du conflit en revenant sur le temps long et sur la dimension coloniale des relations russo-tchétchènes, face aux diverses labellisations qui lui assignent des enjeux décalés. La conclusion interroge le recours au droit, moins dans le cadre d’une justice transitionnelle « post-conflit » que comme un levier majeur, voire le seul possible en termes de recherche de qualification et de reconnaissance des crimes commis pendant le conflit.
Christian Olsson
Dans cet article, nous déclinons dans un premier temps les différentes significations données dans la pensée stratégique occidentale à l’acte militaire de « tuer au combat » au regard du thème de la reconnaissance de l’ennemi. Nous montrons ainsi que trois grands récits historiques, aux implications très différentes quant à la reconnaissance de l’adversaire, se sont sédimentés dans cette pensée. Dans un deuxième temps, nous cherchons à comprendre les discours militaires américains sur l’ennemi insurgé en Irak à la lumière de ces trois grands récits, cela en nous intéressant plus particulièrement à la stratégie américaine de sortie du conflit d’Irak entre 2007 et 2011. Notre argument principal est que ces récits historiques ont en été au cœur du processus qui a conduit la hiérarchie militaire à avaliser les négociations avec l’opposition armée irakienne. Ils permettent en effet d’éclairer comment le constat de l’échec à éradiquer « l’insurrection irakienne » par la voie militaire s’est mué en reconnaissance contrariée des revendications politiques de certains d’entre eux.
Christophe Wasinski
Cet article pose la question du mode de reconnaissance des morts civiles causées par les forces armées américaines lors des guerres en Afghanistan et en Irak au cours des années 2000. Il part du constat que la mortalité civile causée par les opérations militaires n’est pas immédiatement accessible. La connaissance de cette mortalité dépend d’un travail d’énonciation qui l’exprime, la confirme, la qualifie, ou encore la justifie. Nous faisons ici l’hypothèse que, dans le cas des conflits en Afghanistan et en Irak, le mode de reconnaissance de la mortalité civile dépend des effets d’une sorte de « controverse » opposant deux régimes d’énonciation. Le premier est un régime qui nie et/ou minimise la mortalité des civils et met en évidence un comportement « responsable » dans la prise en charge de la problématique par les militaires. Le second régime, quant à lui, conteste le fait que les guerres d’Afghanistan et d’Irak sont menées de façon assez précautionneuse pour les civils.
Valentina Neopolitano
Cet article propose une lecture de l’actuelle contestation syrienne à partir du point de vue des Palestiniens de Syrie. Cette communauté d’un demi-million d’individus a intégré la « révolution » syrienne et cela à partir de ses propres subjectivités et attentes. Cette étude vise, d’une part, à approfondir notre connaissance des « répertoires d’actions » et des « pratiques de résistance individuelles » adoptées au cours de la contestation syrienne face aux contraintes imposées aux contestataires par la répression du régime. D’autre part il montre comment cette communauté de réfugiés a réagi face à la crise qui traverse son pays hôte et comment la « révolution » est devenue le théâtre pour l’expression non seulement des quêtes de liberté et dignité du peuple syrien, mais aussi des revendications proprement palestiniennes s’inscrivant dans un contexte national marqué par le mécontentement généralisé des réfugiés vis-à-vis de leur leadership politique.
Autour de l'Afghanistan contemporain (PDF)
Delphine Deschaux-Beaume
Aperçu du début du texte En matière de conflit afghan, l’actualité la plus récente vient renforcer le constat d’échec de la stratégie qui consistait à « gagner les cœurs et les esprits » en Afghanistan, et d’en faire un État viable et en sécurité . Depuis le conflit soviéto-afghan, et plus encore depuis la guerre déclenchée en 2001, ce conflit alimente à ce titre une abondante littérature. Qu’il s’agisse d’ouvrages géopolitiques ou stratégiques , de témoignages engagés , ou encore d’ouvrages sociologiques visant à saisir le phénomène taliban et l’islamisation du « terrorisme afghan » , la littérature sur le contexte du conflit afghan est pléthorique. Dès lors, pourquoi s’attacher à deux ouvrages parus en 2011 traitant une fois de plus du « problème afghan » ? Les ouvrages de Michael Barry et de Pierre Micheletti sont intéressants à plusieurs titres, et notamment de par leur parti pris analytique . Dans les deux cas, l’enjeu n’est pas d’axer l’analyse sur la recrudescence de la violence armée exercée par de...
Le conflit étudiant québécois : une « épidémie » de sens pour un Québec politiquement malade (PDF)
Gabriel Blouin Genest
Aperçu du début du texte Dans un ouvrage problématisant les fondements philosophiques de la propagation des maladies infectieuses, Jean Lombard et Bernard Vanderwalle rappellent que l’épidémie n’est pas « un moment comme d’autres […], mais un instant critique ». Si le conflit étudiant québécois de 2012 a été le vecteur si tenace de la propagation d’un imaginaire social québécois en mutation, avec ses nouveaux héros, ses bons et ses mauvais personnages, ses mises en scène, ses zones d’insécurité et ses traumatismes, c’est que ce conflit représente, au fond, ce type « d’instant critique », cette zone d’ombres où politique et construit social s’entremêlent et se chevauchent dans une « épidémie de sens ». Ce forum est ainsi l’occasion de revenir sur ce moment polyphonique qualifié par plusieurs commentateurs de « printemps québécois » ou « érable » et qui a pris fin avec l’élection, le 4 septembre dernier, d’un gouvernement minoritaire dirigé par la chef du Parti québécois Pauline Marois, succédant au gouverne...
Le printemps érable comme choc idéologique (PDF)
Frederic Jean
Aperçu du début du texte Afin de protester contre la décision du gouvernement du Québec d’augmenter les droits annuels de scolarité universitaire de 1 625 $ CAN (soit une hausse de 75 %) en l’espace de cinq ans, de nombreuses associations étudiantes de la province sont entrées en grève l’hiver dernier, à partir de la mi-février. Jusque-là, rien d’étonnant : quel groupe organisé pourrait bien subir un tel renchérissement sans montrer les dents ? Pour autant, la perspective comptable ou corporatiste ne suffit pas à expliquer le « printemps érable », soit la prolongation du conflit étudiant sur la saison suivante et sa mutation en une véritable crise sociale, finalement résolue par l’élection (hâtive) d’un nouveau gouvernement le 4 septembre. Les manifestations monstres, la violence, la restriction des libertés fondamentales, les concerts populaires de casseroles, tout cela peut difficilement se résumer à un enjeu pécuniaire. Pour comprendre l’intransigeance du gouvernement d’alors et la ténacité des grévistes...
Gabriel Blouin Genest
Aperçu du début du texte Alors que le conflit social et étudiant québécois vient tout juste de prendre fin, avec l’élection d’un gouvernement du Parti québécois le 4 septembre 2012 et l’abolition de la hausse des frais de scolarité qui avait provoqué la crise étudiante au Québec, les mois passés nous permettent tout de même d’y porter un regard analytique, en s’intéressant notamment à la « cartographie langagière » qui a marqué ce conflit. Ce mouvement de protestation des étudiants québécois, initié en réaction à une augmentation des droits de scolarité de 75 % sur cinq ans, a mené à la plus longue grève de l’histoire du Québec. Pour forcer le retour en classe, le gouvernement de Jean Charest avait voté le projet de loi 78 (devenue par la suite loi 12) qui suspendait la session pour les étudiants en grève et limitait substantiellement le droit de grève et de manifestation, sous peine de pénalités majeures pour les individus et fédérations étudiantes. C’est dans ce contexte que le gouvernement en place a dé...
Révolte contre le néolibéralisme, riposte contre la liberté d'association (PDF)
Phillippe Langois
Dans son Histoire du syndicalisme québécois, Jacques Rouillard raconte la grève des ouvriers irlandais du canal de Beauharnois près de Montréal, il y a presque deux siècles, en 1843. Nous sommes à l’époque où les syndicats sont encore considérés par la loi comme des organisations criminelles et où les travailleurs revendiquent la journée de travail de 12 heures. Après une émeute ayant fait dix morts et une cinquantaine de blessés, les entrepreneurs des chantiers navals analysent ainsi : « [L]es troubles sont le fait d’agitateurs et non de la masse des ouvriers. Selon le témoignage d’un contremaître, le danger vient de ce que “chez ces hommes qui sont sans foyer et livrés à la misère […] il s’établit une unité d’action qui peut chambarder les règles qui, d’ordinaire, jouent individuellement entre l’ouvrier et son patron”. Il se promet de voir à l’avenir à ce que “l’on ne permette pas à ces masses de miséreux de se réunir dans une même localité” . » Avec beaucoup moins de candeur, c’est...
Sylvie Paquerot
Aperçu du début du texte Dès le début de la grève étudiante au Québec, l’argument principal, voire unique, du gouvernement de cette province pour justifier la hausse des frais de scolarité était que les étudiants devaient payer leur « juste part ». Or il faut bien constater, plusieurs mois après le début du conflit, que si elle est inlassablement revenue dans le discours gouvernemental , la formule ne semble pas pour autant avoir suffisamment retenu l’attention des médias pour qu’un véritable débat s’engage sur son sens et la pertinence de son application. Les discours tout azimut sur la « juste part » sans analyse plus approfondie de ce dont il est question semblent d’autant plus surprenants qu’une telle analyse permet selon nous de capturer l’essence même du conflit qui a eu cours : un changement d’orientation de société, de compromis social, sans véritable débat démocratique. Le problème du sous-financement des universités n’a rien de nouveau au Québec. Celui-ci a été chiffré dès 2003 et une commission p...