CIAO DATE: 04/2014
Volume: 66, Issue: 0
Summer 2007
Définir le voisin. La genèse de la Politique européenne de voisinage
Julien Jeandesboz
Officiellement lancée par une communication de la Commission européenne en mars 2003, la PEV se propose de traiter des relations entre l’UE et l’ensemble des espaces géographiques et politiques qui lui sont contigus. Elaborée principalement au sein des arènes communautaires, et notamment par les professionnels de la gestion des relations extérieures communautaires, elle entérine pourtant l’intégration d’un discours sur la menace dans la conduite des relations avec les pays du voisinage, et place la gestion des insécurités au cour de ses priorités. Nous nous proposons d’explorer ce paradoxe apparent au travers d’une reconstruction de la genèse de la politique de voisinage, qui met en relation les discours autorisés produits sur le voisinage depuis janvier 2002, et les usages de ces discours dans les pratiques des agents chargés de l’élaboration de la PEV.
Editorial. Construire le voisin. Pratiques européennes
Thierry Balzacq
La politique européenne de voisinage (PEV) est un dispositif intégré, particulièrement ambitieux, de politique étrangère. Son but principal est de s’assurer que les frontières externes de l’Union européenne (UE) n’entravent les échanges commerciaux, la coopération régionale, les interactions sociales et culturelles. Les processus de la PEV combinent donc, d’un seul tenant, les trois piliers de l’Union
La politique européenne de voisinage, un complexe de sécurité à géométrie variable (PDF)
Thierry Balzacq
Le projet à l'œuvre dans la politique européenne de voisinage ne se situe pas dans la direction où l'on songerait spontanément à le localiser. Sans doute la volonté de créer un cercle d'amis est-elle importante. Mais il y a en creux d'autres logiques, plus diffuses, que seule une lecture serrée des textes permet de débusquer. En sus de la prospérité, nous tenterons de montrer que la « frontiérisation » et la quête de la différence sont les points géométriques privilégiés de la politique européenne de voisinage. Cette dynamique nous conduira à soutenir que les leviers de la politique européenne de voisinage, la socialisation et la conditionnalité, parce qu'ils suscitent des attentes diverses chez les partenaires, conduisent inexorablement l'Union européenne à instituer un complexe de sécurité à géométrie variable.
La propagation de la sécurité : l'Europe et la schengenisation de la Politique de voisinage (PDF)
Ruben Zaiotti
L’objectif de la PEV est de créer une « communauté de sécurité » dans laquelle l’UE et ses voisins pourraient bénéficier de « relations proches, pacifiques et coopératives ». En dépit des objectifs affichés, le rôle de la sécurité est bien plus important dans la PEV que ce que laissent entendre ses défenseurs. Au lieu d’inciter les voisins à y participer, les mesures sécuritaires de cette politique portent atteinte à la promesse d’obtenir un meilleur accès au marché commun européen. La PEV semble refléter une vision euro-centrée de la sécurité régionale, remettant en cause l’idée d’un partenariat entre l’UE et ses voisins. Nous suggérons une analyse sociologique fondée sur la notion de « culture Schengen de la sécurité ». Il semble que la tendance sécuritaire de la PEV soit le résultat de la consolidation des hypothèses et des pratiques sous-jacentes de cette culture et de leur diffusion au sein de l’UE et dans l’attitude de celle-ci envers ses voisins.
La dimension méditerranéenne de la politique Justice et Affaires intérieures (PDF)
Sarah Wolff
Au lendemain de la fin de la Guerre froide, les phénomènes de la « déterritorialisation » des menaces ainsi que de la reconceptualisation de la notion de frontières accompagnaient une transformation du concept de sécurité européenne 2. La globalisation et la transnationalisation des menaces ont en effet provoqué une altération progressive des notions de frontières intérieures et extérieures. Les frontières contemporaines, produit de constructions sociales et de cadres cognitifs, sont le résultat de l’émergence de nouvelles communautés sécuritaires qui dressent de nouvelles frontières entre « insiders » et « outsiders » 3. Les entités géographiques comme l’Europe définissent leurs frontières selon leur propres perceptions et pratiques sécuritaires. Cela a conduit à l’apparition de nouveaux discours qui « ne font plus la distinction entre sécurité intérieure et sécurité extérieure », et se caractérisent par une vision large de la notion de sécurité, y incluant les questions énergétiques, les droits de l’Homme, les questions migratoires mais également le crime organisé
Olivier Cahn
Procéder à l’étude d’une décision de justice cinq ans après qu’elle a été rendue ne fait pas sens a priori. Cependant, deux motifs justifient de passer outre cette réserve. En premier lieu, un ouvrage publié récemment 2 contient une analyse de cet arrêt qui confirme que, faute pour ce dernier d’avoir jusqu’à présent fait l’objet d’un commentaire par la doctrine française, l’appréhension de son apport et de ses implications demeure largement erronée 3. En second lieu, et de manière plus déterminante, envisagée dans une perspective contemporaine et à la lumière d’éléments récents, il apparaît que cet arrêt présente une actualité propre à alimenter, non la polémique, mais bien la réflexion. Il participe en effet d’une critique du traitement réservé par l’institution judiciaire française à l’activité des services de police qui conserve sa pertinence et son acuité.
Rayan Haddad
Cet article a pour objet de montrer, à travers notamment un examen transversal des crises du 11 septembre, de l’Afghanistan, d’Irak, de Palestine et du Liban, que l’on peut relever dans certains cas l’existence d’une « concurrence idéologique » entre le Hezbollah et Al Qaïda s’agissant de la captation des cœurs et des esprits d’une « audience panislamique globale ». Cette rivalité tournant autour de l’identité du « meilleur jihadisme » en présence sur la « scène islamique mondiale » (étant entendu qu’il ne s’agit pas du même jihad dans les deux cas) conduit surtout à un déploiement de « stratégies de distinction » entre les deux parties…
Miriam Perier, Jill Magid
Mon intérêt s’est alors tourné vers les caméras comme représentations. De pouvoir ? De sécurité ? Etaient-elles des outils ou bien simplement des gargouilles ? J’ai commencé à les observer comme des ornements architecturaux et à les traiter comme tels. Après avoir recouvert de bijoux certaines des caméras situées près de mon studio et constaté que, avant cela, personne dans le quartier n’avait remarqué leur présence, j’ai voulu poursuivre cette expérience. J’ai alors contacté le bureau central de la police d’Amsterdam pour savoir si je pouvais ornementer les caméras sur leurs façades. Ils refusèrent net toute relation de travail avec une artiste. J’ai alors créé mon entreprise, System Azure, et suis revenue vers eux avec la même proposition. Ils ont accepté et, de fait, ils m’ont embauchée : “Jill Magid Head Security Ornamentation Professional of System Azure”